Non B&YOU je ne veux pas de votre put*** de newsletter !

Je souhaite changer d’opérateur mobile. Après avoir jeté un œil à différentes offres, je me rends sur le site de B&YOU afin de souscrire à un nouveau forfait.

Je sélectionne l’offre qui m’intéresse, je clique sur Commander et je suis redirigé sur la page panier. J’entre quelques informations de base (conservation du numéro, type de carte SIM), je valide, une nouvelle page se charge. Je remplis les champs d’identification (adresse e-mail, nom, prénom…), je m’apprête à cliquer sur le bouton Valider… lorsqu’une case à cocher attire mon attention :

B and you : inscription obligatoire à la newsletter à la souscription

Une seule case à cocher pour valider les conditions d’utilisation et s’abonner à la newsletter ? En d’autres termes, si je souhaite souscrire à un forfait B&YOU, je suis obligé de me farcir leur news !

Je twitte ça rapidement, le service client de B&YOU me répond en deux temps :

Comment vous faire comprendre simplement ? Vous n’avez pas à imposer l’inscription à votre news à vos futurs clients ! Son contenu n’a aucune importance, le fait que l’on puisse se désinscrire après coup (encore heureux) n’a aucune importance : vous n’avez pas à imposer l’inscription à votre newsletter point final !

J’ajoute que cette pratique semble fleurter avec les limites de la légalité. Selon le paragraphe 41 de la directive européenne 2002/58/CE (source) :

Dans le cadre d’une relation client-fournisseur existante, il est raisonnable d’autoriser l’entreprise qui, conformément à la directive 95/46/CE, a obtenu les coordonnées électroniques, et exclusivement celle-ci, à exploiter ces coordonnées électroniques pour proposer au client des produits ou des services similaires. Il conviendrait, lorsque des coordonnées électroniques sont recueillies, que le client soit informé clairement et distinctement sur leur utilisation ultérieure à des fins de prospection directe et qu’il lui soit donné la faculté de s’opposer à cet usage. Il convient de continuer d’offrir cette possibilité lors de chaque message de prospection directe ultérieur, et ce,sans frais,hormis les coûts liés à la transmission du refus…

Dans le cas de B&YOU il n’est pas possible de souscrire un abonnement en s’opposant à leur prospection. Je suppose que c’est la raison pour laquelle @B&YOU a tout de suite mentionné la désinscription possible… une fois l’abonnement souscrit.

Ma première action une fois la souscription terminée est donc de me désabonner de cette newsletter. J’ai l’habitude de recevoir des e-mails promotionnels non sollicités après avoir pris le temps de cocher la case « je ne veux rien recevoir laissez-moi tranquille pitié », mais c’est la première fois que je vois une astuce pareille.

La première fois… mais pas la dernière ! Deux jours plus tard, je reçois ma nouvelle carte SIM. Je me connecte sur le site pour l’activer, et là j’hallucine :

B&YOU : inscription obligatoire à la newsletter à l'activation

Une deuxième fois, je suis contraint de m’abonner à cette foutue news pour pouvoir activer ma carte SIM ! Je me suis désabonné il y a deux jours, immédiatement après ma souscription, mais B&YOU m’abonne de force pour la deuxième fois !

Quelle meilleure manière de commencer une relation avec un nouveau client ?

Liseuse électronique : une technologie au point, une expérience désespérante

On m’a prêté une liseuse Kobo Aura HD (un très bon modèle d’après lesnumeriques) pour quelques jours. Une durée trop courte pour rédiger un véritable test de l’appareil – et surtout de l’environnement, mais suffisamment longue pour donner quelques impressions.

Ce n’est pas la première fois que j’utilise une liseuse : j’ai eu l’occasion d’essayer un Kindle d’ancienne génération (non tactile) il y a quelques mois. Dans les deux cas, j’ai beaucoup apprécié la lecture sur ce type d’écran. Rien à voir avec une lecture sur écran d’ordinateur ou de tablette, même avec l’éclairage (très agréable) de la Kobo activé.

Sur le Kindle, je m’étais contenté de lire un livre. Sur la Kobo, j’ai configuré l’appareil et fait des recherches. Énorme déception : si la technologie assure, le reste oscille entre l’approximation et le zéro pointé.

• Exemple de zéro pointé : l’écran de création de compte. J’ai l’impression qu’il manque quelque chose, mais quoi ?

Liseuse Kobo Aura HD - création de compte

Ah oui, le… bouton de validation. Non mais sincèrement, qui a pu concevoir une page pareille ?! Pour valider la page, il faut sélectionner un champ texte et appuyer sur le bouton « chercher » (chercher ?!) en bas à droite !

Liseuse Kobo Aura HD - création de compte (2)

C’est tellement invraisemblable que j’ai fait un hard reset pour m’assurer que ce n’était pas un bug (ce n’en est pas un).

• Exemple d’approximation : la visite guidée. La page 3 est à moitié en anglais, et le titre de la page 8 est incomplet. Du beau travail.

Liseuse Kobo Aura HD - visite guidée

Voilà pour les premières minutes avec l’appareil. Je passe ensuite à la recherche. Je souhaite tester l’offre disponible sur le store, je me mets donc à côté de ma bibliothèque (la vraie) et je cherche sur le Kobo les premiers livres de poche qui se trouvent sur l’étagère.

Test n°1 : Nicolas Vanier. Le premier résultat du moteur est satisfaisant, le reste est soit à côté de la plaque (Croc Blanc de Jack London, par exemple) soit totalement incongru (Marc Levy, Guillaume Musso ?) Un seul livre alors que l’auteur en a écrit plus d’une vingtaine, c’est pauvre.

Liseuse Kobo Aura HD - recherche "Nicolas Vanier"

Deuxième recherche, Mike Horn : rien. James Ellroy : rien. Craig Johnson : rien. (Avec un Kobo comme seul média de lecture, ma bibliothèque aurait été beaucoup plus réduite.)

Note intéressante : au lieu de m’indiquer « la recherche ne donne pas de résultat, voici ce que j’ai trouvé qui ressemble vaguement », le moteur me balance systématiquement 34 pages de n’importe quoi. Quand on utilise Google au quotidien, on a du mal à revenir sur un moteur de recherche aussi médiocre.

Liseuse Kobo Aura HD - recherche "Mike Horn" et "James Ellroy"

Recherche suivante, par titre : Moonlight mile (roman de Dennis Lehane). Premier résultat : 15,99€. Deuxième résultat : 8,99€. Pour le même livre ?! (La description ne me permettra pas de savoir pourquoi le premier est presque deux fois plus cher.)

Liseuse Kobo Aura HD - recherche "Moonlight mile"

Recherche suivante, par auteur : Joe R. Lansdale. Trois livres disponibles en français (note : il y en a un de plus depuis que j’ai fait la photo), puis des tas de résultats en italien, en allemand, en anglais… Passionnant.

Liseuse Kobo Aura HD - recherche "Joe R. Lansdale"

Encore une petite ? « Harlan Coben », par exemple. Plusieurs livres sont disponibles… à des prix délirants. À découvert ? 13,99€ sur le store, 6,84€ sur Amazon. Disparu à jamais, Promets-moi, Sans un mot ? 13,99€ vs. 7,70€. En gros tous ses livres sont deux fois plus chers sur le store, à l’exception de la nouveauté Ne t’éloigne pas, moins chère de… 3€. Il va falloir acheter beaucoup de nouveautés pour rentabiliser l’appareil – sans parler des coûts connexes.

Liseuse Kobo Aura HD - recherche "Harlan Coben"

Allez, je laisse tomber la recherche, non sans noter cette autre bizarrerie (ce bug ?) : en passant par le module « Ajouter un livre à votre bibliothèque » en page d’accueil pour faire une recherche, les prix ne sont tout simplement pas affichés à côté des résultats. Pratique !

Liseuse Kobo Aura HD - recherche "Jesse Kellerman"

Des ratés dans l’ergonomie, une offre très pauvre, des prix peu attractifs voire rédhibitoires, est-il vraiment nécessaire de poursuivre ? Et encore, comme je le disais, je n’ai utilisé l’appareil que quelques heures ! Et je n’ai pas parlé de DRM, de l’écran tactile régulièrement capricieux (deux personnes et douze tentatives pour appuyer sur le bouton « fermer » il y a quelques minutes – heureusement c’est assez rare)…

Je dois encore mentionner une chose, même s’il ne s’agit pas d’un problème de l’appareil. Lorsque je navigue sur internet pour acheter un livre, j’ai accès en quelques clics de souris à : la bio de l’auteur, ses autres livres (et combien ils coûtent), les avis des gens qui ont acheté le livre, les forums, etc. Sur une liseuse, il n’y a rien (*). En terme d’expérience c’est catastrophique, et pour un utilisateur avancé d’internet il est particulièrement difficile de se passer de tous ces à-côtés pour faire son choix.

Je résume. Si :
• l’utilisateur sait quel livre l’intéresse ;
• le livre est disponible sur le store ;
• l’utilisateur se fiche du prix ;
Dans ce cas la liseuse est intéressante. Pour faire simple : en tant que liseuse, elle fait le job. Le reste est parfaitement indigne d’un appareil sorti en 2013. Mais les éditeurs (concernant l’offre et les prix) préfèrent sans doute suivre le modèle de l’industrie du disque. Continuez comme ça, c’est une réussite. Personnellement je reviendrai peut-être dans 4 ou 5 ans pour voir si les choses ont évolué. En attendant, je retourne lire Harry Potter… en livre de poche. La version numérique existe, mais elle ne peut être commandée que sur le site officiel d’Harry Potter. Une boutique par livre, quelle bonne idée pour développer le marché !

 

(*) À ceux qui pensent « il y a un navigateur caché dans les suppléments, pourquoi ne pas l’utiliser ? » je dis : ne faites jamais ça. Vous vous souvenez d’Internet en 1995, sur votre Pentium asthmatique connecté à un modem 28800 bauds ? Imaginez pire, bien pire. En bonus, voici la description du navigateur internet telle qu’elle est donnée par le Kobo lui-même : « Prenez la bretelle qui vous mènera à l’autoroute des informations ! » Non mais sérieusement ?!

Foutez la paix à mon viewport !

Edit du 24 octobre : à tous ceux qui aiment les menus cachés (voir la fin de cette note), je suggère de jeter un œil au site journal-facebook.fr. Après avoir fermé l’insupportable modale « Votez pour ce blog », vous pourrez admirer non pas un, mais deux menus masqués… qui en plus sont cachés derrière deux pictos identiques !

Site internet de journal-facebook : deux menus cachés derrière deux pictos identiques

Note du 30 septembre 2013

Je passe beaucoup de temps sur internet. Ces derniers temps, je tombe de plus en plus souvent sur des sites qui utilisent des menus persistants (ie qui restent affichés en permanence à l’écran.) Sur les sites en une page ils ont beaucoup de sens : remonter « manuellement » en haut de la page pour naviguer n’est pas très logique. Sur des sites plus traditionnels en revanche, ils m’ennuient particulièrement.

À peu près tous les utilisateurs aujourd’hui ont un moyen simple de faire défiler les pages : roulette, touchpad, doigt… Et je ne pense pas me tromper de beaucoup en ajoutant que tous les utilisateurs aujourd’hui savent s’en servir. Alors quel intérêt ?

01 - Le menu persistant de sceneario

Sur l’exemple ci-dessus, le menu supérieur occupe 15% de la surface de l’écran (en 1024 x 768). En tant qu’utilisateur, je préfère que ces 15% reviennent au contenu du site plutôt qu’à un élément que je peux retrouver facilement (le menu de navigation en haut de page n’est pas un élément particulièrement rare sur internet) et d’un seul coup de molette.

02 - Le menu persistant de 01net

Plus amusant : sur le site de 01net, le menu persistant est situé en bas… et donne parfois l’impression que le site se termine. Chers décideurs, ça, ce sont des clics en moins sur les bannières de pub qui se trouvent en dessous !

03 - Le double menu persistant de lesnumeriques

Double dose sur cette page d’actu du site lesnumeriques : deux menus persistants viennent encadrer le contenu du site. La bande inférieure me rappelle les chaines d’information en continu : si l’actualité principale ne m’intéresse pas, le message déroulant en bas pourra peut-être m’attirer. Sauf que sur internet ça n’a pas tellement de sens : si l’actualité principale ne m’intéresse pas je vais voir ailleurs, je n’ai pas besoin d’attendre passivement la suite des informations.

04 - Le double menu persistant de dailygeekshow

Double dose sur ce site, avec deux menus qui se superposent en haut. Le second est dédié au partage de l’article (et bugge avec Safari, cf. texte « 298 partages ») : et si vous me laissiez lire l’article, avant de me proposer de le partager ?

05 - le menu persistant semi opaque de Cocones

Autre brillante idée chez Cocones : le menu persistant semi-opaque. Le menu est moins lisible, le contenu est moins lisible. Bien joué.

06 - le menu persistant sans background de Hardgraft

Chez Hardgraft, on a estimé qu’un menu persistant occupant 40% de l’espace était une mauvaise idée, alors on a choisi de l’afficher en permanence sans aucun background. Record du monde de lisibilité. (via @hteumeuleu)

Mon poste de travail dispose d’un grand écran. Ces menus persistants ne me posent donc pas trop de problème – ils m’énervent, c’est déjà beaucoup. Mais quid des netbook (ce n’est pas parce qu’il ne s’en vend plus beaucoup qu’il n’y en a plus), des tablettes en 1024 x 768, des mobiles (hors site adapté), des autres terminaux qui sont chaque jour plus nombreux ?

Chers décideurs, voici mon message : je viens voir le contenu de votre site. Pas le menu, le contenu. Et si vous me laissiez le consulter tranquillement ?

Bonus

Les menus persistants diminuent l’espace dédié au contenu, et c’est souvent une mauvaise idée. Cela ne veut pas dire qu’il faut supprimer totalement le menu de navigation !

07 - le menu caché de bienvillecapital

08 - le menu caché de modafamilia

Dans les deux cas ci-dessus je suis contraint d’ouvrir le menu à chaque fois que je change de page ! Très pratique, vraiment. Oh, et le menu principal n’est pas qu’un élément de navigation, il aide également le visiteur à comprendre de quoi traite le site. Dans ces deux cas, bon courage.

Je suppose que toutes ces histoires de menus persistants ou cachés sont des modes. J’espère qu’on passera rapidement à autre chose.