Les concepteurs de sites internet ne sont pas (tous) des utilisateurs comme les autres

Mon éminent confrère Rémi (@hteumeuleu) m’a contacté début novembre pour me faire part d’un projet de calendrier de l’avent destiné aux gens du web. Vingt-quatre personnes « de l’internet » ont participé en écrivant un article chacun. Le site est en ligne depuis le premier décembre à cette adresse : www.24joursdeweb.fr

L’article que j’ai rédigé à cette occasion se trouve ici : Les concepteurs de sites internet ne sont pas (tous) des utilisateurs comme les autres.

Si le contenu de ce site vous plaît, il vous est possible de faire un don à l’association l’Abri, partenaire du projet. Le paiement (en bas de la page) passe par Paypal, et il est possible de régler par simple carte bancaire.

J’ajoute que chaque contribution donne droit à un charmant petit cadeau (demandez à Marie Guillaumet !) Il serait dommage de passer à côté.

Baromètre Inria : charte graphique, mise en page et résultats (2/2)

Suite et fin de mon exploration du baromètre Inria « Les français et le nouveau monde numérique ».

Première remarque, le site a été modifié depuis ma dernière visite. Le changement le plus visible est l’ajout d’un footer de grande taille commun à toutes les pages du site. Ce nouvel encart reprend le look du footer du site inria.fr.

Baromètre Inria - page d'accueil revue

Je note également qu’un picto a remplacé le texte « <Embed> » (juste au dessus du footer, à côté du texte « Et vos amis ? »). Pas sûr que cela rende ce lien plus explicite.

Plus étrange, le test a lui aussi été revu :
• l’ordre des questions a été modifié ;
• certaines d’entre elles ont été regroupées ;
• conséquence du point précédent, le nombre de questions a été divisé par deux.

Les résultats du test n’étant pas (à ma connaissance) utilisés à des fins statistiques, ces changements n’ont pas grande importance. J’en profite pour signaler un point que j’avais oublié dans la note précédente : il n’est pas possible lors du test de revenir à la question précédente.

Après avoir abordé le test dans la note précédente, je m’intéresse cette fois à la partie « résultats » du site. Je clique donc sur le bouton « les résultats de l’enquête ».

Baromètre Inria - page des résultats

Cette page me permet d’évoquer un point très important dans la création d’un site internet : la création d’une charte graphique.

Une charte graphique (dans ce contexte), c’est un document dans lequel tous les éléments nécessaires à la création et à la mise à jour d’un site sont répertoriés : les polices à utiliser, les couleurs recommandées, les boutons à insérer, etc. On y trouve également – et c’est ce qui m’intéresse ici – leurs usages exclusifs : quand doit-on utiliser telle couleur, à quel moment utiliser la police XYZ, etc.

Sur le site du baromètre, le code graphique « cartouche à coins arrondis » est omniprésent (j’ai compté une vingtaine de cartouches sur la copie d’écran ci-dessus). Le problème, c’est que ce look n’est pas associé à un comportement : parfois il est cliquable, parfois il ne l’est pas. Exemple : le cartouche « Perception » est cliquable, le texte « Changer de thématique » ne l’est pas.

Ce ne serait pas un problème si les codes couleurs utilisés permettaient de s’y retrouver, mais ce n’est pas le cas non plus. Exemples : sur les pages précédentes les boutons de navigation principaux sont gris, ici ils sont rouges (ce qui s’explique, d’ailleurs). Sur les pages précédentes les blocs de texte bleu pétrole n’étaient pas cliquables, ici le cartouche « Perspectives » bleu pétrole l’est. (Le bouton « Les résultats de l’enquête » aussi, sans que l’on sache vraiment pourquoi.)

Il s’agirait d’un souci moindre si les éléments de même type respectaient les mêmes codes… mais là encore, ce n’est pas le cas. Exemple : les menus « Changer de thématique » (au look totalement éloigné de celui d’un menu) et « Affinez les résultats » n’ont pas grand chose en commun.

Ce manque de rigueur dans la présentation générale du site peut perturber l’expérience utilisateur.

Autre remarque, au sujet de la présentation des résultats. Chaque thématique donne accès à de nombreuses données. Plus ce nombre augmente, plus la consultation sera longue : il convient donc d’adapter la mise en page pour faciliter la lecture des données présentées.

Baromètre Inria - lecture aisée du graphique en barre

Sur la page ci-dessus, la lecture du graphique « en barre » est aisée. J’ajoute qu’en plus d’être (partiellement) visible en rollover, la légende est ici affichée immédiatement.

Baromètre Inria - consultation longue de certains résultats

Sur la page ci-dessus, la consultation des graphiques va prendre beaucoup plus de temps. Comme l’indique la taille de la barre de défilement, la page contient énormément d’informations : 27 ou 28 réponses (je n’ai pas réussi à les compter précisément, c’est révélateur) sont affichées ici. La taille réduite de la fenêtre de lecture n’est pas adaptée à un si grand nombre de données.

La présentation de ces résultats n’est pas mauvaise, mais elle aurait pu être bien meilleure : plus ludique, plus interactive, plus lisible… En tant qu’amateur de visualisation de données, cette mise en page me déçoit. J’invite les gens intéressés par le sujet à jeter un œil aux travaux de Dave Mc Candless (ses livres sont disponibles sur Amazon). Dans un domaine plus proche du baromètre Inria, l’enquête Sexperience 1000 (SFW) propose une expérience bien plus amusante.

Pour finir, j’avoue qu’une chose m’a particulièrement ennuyé. Sur le site du baromètre, il est possible de « faire le test » et de « découvrir les résultats de l’enquête ». Or les résultats ne correspondent pas exactement aux questions du test ! Si je prends la première page des résultats par exemple, il est question de TNT, de robots domestiques, de cinéma en 3D… Autant de points qui ne sont pas abordés dans le test.

Quel est donc l’intérêt de faire un test et de découvrir les résultats des autres utilisateurs… à des questions différentes ?

Un peu de design web : l’art de mettre en valeur son produit

J’ai lu avec intérêt l’interview publiée sur capitaine-commerce (décidément) des créateurs de madein33.com, ainsi que la première note qui avait été consacrée à ce site.

Madein33.com propose aux particuliers et aux professionnels des coffrets cadeaux dont les produits sont issus du terroir girondin. Cette spécificité géographique distingue le site des leaders du marché que sont smartbox et wonderbox par exemple.

On retrouve cette volonté d’exclusivité dans le design du site, visuellement très éloigné des concurrents précédemment cités.

Design web - madein33.com

En terme d’expérience utilisateur, de nombreux points me semblent à revoir. En vrac : l’excès de contenu, le manque d’organisation des messages, les encarts sociaux un peu partout, le panier peu visible, les champs texte en jaune sur fond jaune, le bouton « power » pour créer un compte (?)… Je pense que plusieurs choses pourraient être améliorées, mais ce n’est pas cet aspect qui a motivé ce billet.

Les commentaires de l’article montrent que le look du site a plu aux lecteurs, c’est un point très important. Personnellement, je suis assez réservé.

Le site déborde de codes graphiques. Quelques illustrations (des ballons, des rubans utilisés pour un peu n’importe quoi, des nœuds, un coffret, des cadeaux), plusieurs éléments d’interface (le fond matière, les pictos du panier, du compte client et des réseaux sociaux – 4 pour Facebook !), une police non-système très grasse… On dirait un exercice de Photoshop pour webdesigner ! Pris indépendamment ces éléments ne posent pas de problème, mais mis tous ensemble ils dégradent la lisibilité du site.

Ce manque de lisibilité nuit énormément à la visibilité du produit. Le petit carrousel, au centre de la page, semble perdu au milieu d’une masse jaune/verte. Les visuels affichés étant relativement chargés (difficile de faire rentrer plusieurs produits sur une seule photo), ils ne ressortent plus du tout. L’interface du site devrait mettre en valeur le produit, pas l’écraser !

Démonstration :

Design web - steinway.com

Bien sûr les sites n’ont rien à voir, bien sûr le site de Steinway n’est pas exempt de défauts, mais une fois encore ce n’est pas ce qui m’intéresse. Ce qui m’intéresse, c’est la mise en valeur du produit.

Sur le site de Steinway, le carrousel en met plein la vue. De nombreuses astuces permettent aux pianos de « jaillir » de l’écran : la taille de l’image bien sûr, mais aussi le bandeau d’arrière-plan galbé, le motif et la luminosité dudit bandeau, le contraste entre les couleurs du piano et celles du site, les extrémités supérieures et inférieures de l’instrument qui empiètent légèrement sur le header et le menu du dessous… Tous ces trucs de designer mettent le produit en avant.

Autre exemple :

Design web - fruute.com

Bien sûr les sites n’ont rien à voir, bien sûr le site de Früute n’est pas exempt de défauts… Je me répète. Ici aussi, le carrousel en met plein la vue. La recette est en partie la même : visuels produits de grande taille et de bonne qualité + interface légère et franchement en retrait.

J’aurais aimé trouver ce genre de mise en valeur sur madein33.com, plutôt qu’une interface chargée et des produits peu visibles.