Kids Creative Camera, l’appareil photo du diable

Ma fille a reçu un appareil photo numérique pour son anniversaire. Son grand-père a choisi un modèle pour enfant sur le site Cdiscount (mais on peut également le trouver chez Amazon ou Priceminister) et l’a fait livrer directement chez nous.

Le voici :

Appareil photo numérique Kid's cam

Je fais simple : il n’y a RIEN qui va avec cet engin. Si Satan cherchait à concevoir un appareil photo numérique, il ne pourrait probablement pas faire mieux (pire) que ça.

Quelques remarques au sujet de l’objet lui-même dans un premier temps. Cet appareil photo, destiné aux enfants, est livré sans carte mémoire et ne dispose d’aucun système de stockage interne. Autrement dit : si l’acheteur oublie d’ajouter une carte mémoire à sa commande (ce que l’on conçoit sans peine de la part de l’acheteur d’un engin de ce genre), l’enfant ne pourra tout simplement pas utiliser l’appareil lorsqu’il le recevra. On imagine facilement la déception du gamin.

Dans mon cas heureusement (?) pas de problème, je trouve une vieille carte SD au fond d’un tiroir… et je découvre le deuxième point de l’enfer : pour mettre en place la carte mémoire et les piles, il faut enlever deux vis minuscules sous l’appareil.

Trappe de l'appareil

À chaque fois que j’aurai à changer les piles de l’appareil, je devrai utiliser un tournevis ! Une opération pénible d’ailleurs : les vis sont minuscules, le tournevis (fourni !) également… sans parler du cache particulièrement difficile à mettre en place. Point amusant : les vis sont si petites – et donc si facile à perdre – que l’appareil est fourni avec deux vis supplémentaires !

Visserie fournie avec l'appareil

Bref. J’insère les piles et la carte mémoire, je démarre l’appareil… et j’entre dans un nouveau monde de douleur et de confusion.

Il faudrait des heures pour expliquer tout ce qui ne va pas dans le logiciel interne de cet appareil – le problème principal étant justement qu’il ne s’agit pas d’un logiciel conçu spécifiquement pour cet engin mais du logiciel d’un autre appareil photo qu’on lui a collé. Je vais donc lister en vrac les points les plus diaboliques de l’interface.

• L’appareil ne dispose que de cinq boutons : le déclencheur, le bouton d’allumage Power, la croix et les flèches gauche et droite. Ce choix rend l’utilisation de l’appareil extrêmement complexe : pour afficher la photo que l’on vient de prendre par exemple, pas de bouton Play comme partout ailleurs, il faut appuyer sur le bouton Power (pas trop longtemps sinon l’appareil s’éteint, évidemment.) Conséquence logique de ce manque de boutons, la navigation dans le menu (accessible après trois pressions sur le bouton Power) est un CAUCHEMAR.

Menu de l'appareil

– Pour naviguer entre les trois onglets en haut (photo / vidéo / outils), dont les icônes sont positionnées horizontalement, pas question d’utiliser les flèches gauche et droite : il faut utiliser le déclencheur.

– Pour naviguer de haut en bas dans le menu affiché, il faut utiliser les flèches gauche et droite.

– Pour valider un choix ou entrer dans un sous-menu, il ne faut pas utiliser la flèche droite (alors qu’une flèche droite est affichée à l’écran !), il faut utiliser le déclencheur.

– Pour annuler un choix ou revenir en arrière, pas question d’utiliser la croix comme dans tous les menus du monde : elle ne fonctionne pas (elle émet juste un bruit bizarre).

– En bas de l’écran on peut lire les mentions OK : Enter et M : Back. Problème : il n’y a ni bouton OK ni bouton M sur l’appareil.

(J’arrête là, tout lister serait trop long.)

• L’appareil n’a pas de mémoire interne. Autrement dit, tous les paramètres (résolution des photos et des vidéos en particulier) seront perdus à chaque changement de pile. Edit : ce n’est pas aussi simple, apparemment les paramètres sont bien sauvegardés mais s’envolent de temps en temps.

• Par défaut, l’appareil émet des bruits insupportables. Ma préférence va aux sons de pistolet laser émis par les flèches gauche et droite, mais la fanfare futuriste du démarrage vaut aussi le détour. Il est bien entendu possible de les désactiver en passant par le menu : comptez trois ou quatre bonnes minutes pour y arriver. À refaire à chaque changement de piles, évidemment.

Mais ce n’est pas tout… En vrac, l’écran est tellement petit que plusieurs informations ne sont tout simplement pas lisibles (la police de l’horodatage des photos – option activée par défaut – doit être en taille 2 ou 3), le viseur optique cadre n’importe comment (c’est à pleurer de rire, heureusement que personne ne l’utilisera), le mode d’emploi (trois photocopies mal agrafées) est écrit dans un français si mauvais que l’on se demande si une traduction via Google n’aurait pas fait mieux, le mode vidéo ne fonctionne pas correctement (je ne sais pas pourquoi, mais quand je fais dix secondes de vidéo seule les deux ou trois premières sont enregistrées. Peut-être une histoire de mémoire tampon ?)… Quant à la qualité des photos, ma foi… À partir du moment où l’appareil est quasiment inutilisable, est-il vraiment nécessaire d’en parler ? Oh, j’oubliais, trois fois rien : en redémarrant l’appareil à l’instant j’ai perdu l’intégralité des photos que j’avais prises pour le test. Voilà.

Notice de l'appareil

Cet objet représente tout ce que le monde actuel fait de pire. Il n’est pas seulement inutile, c’est un énorme gâchis de matière et d’énergie. Pour tout dire je ne sais même pas quoi en faire : le donner ? Mais je ne souhaite à personne d’utiliser un truc pareil ! Le jeter ? Il est neuf ! (Je ne peux malheureusement pas le faire reprendre par le site marchand.) Alors si quelqu’un a une idée…

Pimkie, une page d’accueil… surprenante

Je découvre sur le site de Mathieu Fauveaux la nouvelle fiche produit du site Pimkie. Curieux, je vais jeter un œil au reste du site.

Voici une copie d’écran de la page d’accueil.

Pimkie.fr - homepage

Autant le dire tout de suite, ma visite s’arrêtera là.

L’inconvénient d’une copie d’écran, c’est que l’on ne voit pas les animations. J’ajoute donc cette mention : le menu « LA COLLECTION », ouvert sur le screenshot ci-dessus, se ferme au bout de quelques secondes.

Je la refais, pour être le plus clair possible : le menu de navigation s’ouvre lorsque j’arrive sur le site et se ferme quelques instants plus tard.

Quel peut être le but de cette animation ? Malheureusement, je n’en vois qu’un seul : les clients ne trouvent pas immédiatement ce qu’ils sont venus chercher sur le site. À ce moment-là, pourquoi, pourquoi ne pas avoir modifié la barre de navigation en y insérant les catégories de produits ?!

L’équipe qui a conçu le site veut manifestement pousser des contenus : blog, jeu concours, looks du moment. Très bien, mais pas à cet endroit ! Les clients s’attendent à trouver les catégories de produits dans la barre de navigation principale, pourquoi y mettre autre chose ?! Point important : ce n’est pas parce que ces contenus figurent à un endroit « chaud » (la barre de navigation principale) qu’ils seront vus par le client.

De mémoire, la barre de navigation principale du site de Pimkie a toujours fonctionné de cette manière. Cette animation à l’ouverture du site me laisse penser que le problème posé par ce choix est connu, alors pourquoi ne pas le résoudre sérieusement plutôt que de chercher des solutions alternatives incongrues, lourdes et peu efficaces ? Cette animation est d’autant plus inutile qu’elle ne concerne que les visiteurs qui passent par la page d’accueil, autant dire certainement pas la majorité.

Bon, voilà pour le point qui m’a le plus marqué sur cette page d’accueil. Cela dit, ce n’est pas la seule chose qui me chagrine, loin de là. Le point suivant est un grand classique du moment : le carrousel.

Pimkie.fr - carrousel en homepage

Je fais court : les slides défilent automatiquement, beaucoup trop vite et en permanence (c’est tellement pénible que j’ai préféré fermer la fenêtre pour rédiger mon article) et le contrôle utilisateur est quasi-inexistant. Confrères concepteurs, je vous renvoie à ces deux articles sur le sujet : 5 big usability mistakes designers make on carousels et Ergonomie des carrousels : 10 principes à respecter. Oh, et à ce bref article de Jakob Nielsen : Auto-Forwarding Carousels and Accordions Annoy Users and Reduce Visibility.

Quant au reste de la page, je fais plus court :

• les textes sont beaucoup trop petits. La barre de navigation principale utilise une police en équivalent 10px, même les liens du footer sont plus grands ! Encore une lecture intéressante (là aussi, on en trouve des milliers sur internet) : 16 pixels for body copy. Anything less is a costly mistake.

• Toujours au sujet de la barre de navigation : les items du menu sont trop proches et peu lisibles. L’ajout de caractères fantaisistes, très tendance bien sûr, n’arrange rien.

• Color forecast : c’est quoi ? Vous connaissez beaucoup de gens qui vont trouver le temps de flâner sur votre site et s’amuser à cliquer sur un lien (joli contraste, au passage) sans savoir ce qui se trouve derrière ?

• Le poids donné aux différents éléments du header me laisse perplexe : l’encart Facebook prend plus de place que les liens « mon compte » et « mon panier » réunis !

• Le faux champ texte d’inscription à la newsletter, en dessous du carrousel, est particulièrement énervant : lorsque je clique dedans pour insérer mon adresse e-mail, une fenêtre s’ouvre et m’impose de remplir un long formulaire (oui, 8 questions pour une simple inscription à la newsletter c’est TRÈS LONG). Pas du tout décourageant.

Pimkie.fr - layer d'inscription à la newsletter

(Il y a même un bouton « Annuler » ! Ça faisait longtemps.)

• L’intégration des encarts sociaux (Facebook, Google+, Youtube, Twitter, n’en jetez plus !) est dégueulasse.

• Plus anecdotique : certaines majuscules ont des accents (NOUVEAUTÉS), d’autre pas (VIDEO, CONNECTES).

• Plus anecdotique mais amusant : on peut faire une recherche sans remplir le champ de recherche.

Bien. Comme je le disais plus haut, ma visite s’arrêtera là.

Interface utilisateur : les détails qui font la différence (vidéos)

Sur le principe de littlebigdetails*, quelques exemples de détails d’interfaces plus ou moins utiles qui nous simplifient la vie.

• Mac OS X : menu contextuel dynamique

Le clic droit offre à l’utilisateur de la plupart des systèmes d’exploitation un certain nombre de commandes pas ou peu accessibles autrement. Certaines fonctions restent cependant masquées, comme « ajouter au menu démarrer » sur Windows XP par exemple (il faut maintenir la touche Shift enfoncée avant d’effectuer un clic droit pour faire apparaître cette ligne.)

Les concepteurs d’OS X ont pensé à une alternative pour ces fonctions cachées : elles s’affichent dynamiquement (c’est la différence avec l’exemple ci-dessus) lorsque l’utilisateur enfonce la touche Alt.

• Mac OS X : affichage en colonnes et lisibilité du texte

Le Finder de Mac OS X permet à l’utilisateur de sélectionner un mode d’affichage parmi quatre. Le mode « colonnes » présente l’ensemble des fichiers de la machine sous forme de colonnes successives.

Lorsque la colonne est trop étroite pour afficher le nom entier du fichier présenté, des points de suspension remplacent les lettres manquantes. Mais avant d’afficher ces points, OS X diminue légèrement l’interlettrage afin de garder le nom du fichier entier.

Vous me direz : au lieu de s’amuser à implémenter ce genre de fonctionnalités, les concepteurs du Finder feraient bien d’améliorer le Finder lui-même. Je suis bien d’accord.

• Dailymotion : progression de la vidéo

Un classique. Lors de la lecture d’une vidéo sur Dailymotion (et lorsque le pointeur de la souris ne se trouve pas sur la vidéo), le logo « Dailymotion » situé en bas à droite se remplit progressivement de blanc.

Bien sûr, on pourrait assez facilement faire l’inverse de Littlebigdetails et créer un blog répertoriant les erreurs les plus « évitables » qui soient.

• Littlebigmistakes : publier une vidéo sur Vimeo

Pour publier une vidéo sur Vimeo avec un compte gratuit, il vaut mieux être patient : le site impose un délai de 30 minutes entre le moment de l’envoi et la mise en ligne réelle du fichier. Soit, c’est une restriction comme une autre. En revanche, j’ai été très surpris de voir qu’il existait une limite à la taille du fichier publié. Une limite… basse, c’est-à-dire qu’il est impossible de mettre en ligne une vidéo trop légère !

Littlebigmistakes - poids minimal d'une vidéo sur Vimeo

L’erreur ici est de ne pas préciser quelle est cette limite…

• Littlebigmistakes : mettre à jour ses logiciels Adobe

Application Manager est un petit programme d’Adobe qui s’installe automatiquement avec la suite CS et qui permet de maintenir à jour l’ensemble des logiciels qui la composent. De temps en temps, lorsque je lance l’un de ces logiciels, une icône apparaît dans la barre supérieure de l’écran. Si je clique dessus, un message m’indique que « [l’]Ouverture de l’actualiseur [est] en cours… ». (Note : la vidéo suivante contient une musique qui illustre assez bien le propos.)

L’ouverture n’est évidemment pas en cours ; pour afficher l’actualiseur il faut cliquer sur le libellé. Un bien mauvais choix de mots…

* Littlebigdetails.com est un blog visiblement très apprécié sur lequel différents contributeurs publient de nombreux détails d’interfaces qui les interpellent.