La Poste devrait revoir le texte de ses SMS automatiques

J’ai reçu récemment un SMS m’informant qu’un colis Colissimo était arrivé en point relais. Le voici :

SMS automatique envoyé par La Poste ou tentative de smishing ?

Problème : je n’ai aucune commande en cours. S’agit-il d’un énième SMS de « smishing » (hameçonnage par SMS – je découvre le terme) ? Ça y ressemble beaucoup :

  1. L’expéditeur n’est pas une entreprise, c’est un produit (La Poste est une entreprise, Colissimo est un produit). Les SMS d’hameçonnage ont souvent cette caractéristique : l’expéditeur n’est pas systématiquement une entreprise connue mais un terme qui rappelle une entreprise connue. (Sans compter que le ‘l’ de Colissimo pourrait être un ‘i’ majuscule…)
  2. Le texte commence par le mot d’urgence RAPPEL, un mot écrit en majuscules pour ne rien arranger.
  3. Plusieurs termes utilisés ne sont pas clairs. Le sigle CNI n’est pas connu de tout le monde (par ailleurs, un passeport ou un permis de conduire devraient convenir, donc pourquoi se limiter à la carte d’identité ?), et je ne sais pas ce que c’est qu’un pass – en tout cas pas avant d’avoir cliqué sur le lien fourni…
  4. …un lien qui n’est ni reconnaissable ni proche du nom de l’entreprise ou du produit. Le nom de domaine pkup.fr renvoie même actuellement vers une erreur !
  5. Aucune référence de colis (ou d’expéditeur) n’est fournie.
  6. L’enseigne La Poste n’est même pas mentionnée.

Après « enquête », il s’avère que ce message n’est pas une tentative d’hameçonnage mais bien un SMS officiel de La Poste ; je n’ai aucune commande en cours et c’est normal, c’est un cadeau qui m’a été expédié. Un cadeau à côté duquel j’aurais pu passer à côté à cause d’un SMS plutôt mal conçu.

La Poste pourrait s’inspirer des SMS de sa filiale Chronopost, qui sont un peu plus clairs :

SMS automatique de Chronopost

L’expéditeur est bien l’entreprise Chronopost, on retrouve une référence de colis dans le corps du SMS ainsi qu’une URL bien identifiable. Ce message peut sans doute être amélioré, mais il est tout de même mieux rédigé que celui de La Poste.

Une bonne newsletter, ce n’est pas une affiche avec un lien

J’ai reçu il y a quelques jours une newsletter de mon fournisseur d’eau. L’idée est intéressante : la région est en alerte sécheresse depuis avril (je l’ignorais), des mesures de restriction d’eau ont été mises en place et cette newsletter permet de les diffuser. La réalisation de ce message n’est malheureusement pas vraiment à la hauteur.

Les ennuis commencent avant même son ouverture :

L'objet du mail

Une faute de frappe dès l’objet de la newsletter (Des mesures de restricition d’eau), ça manque de sérieux. Quant au message lui-même, le voici :

La newsletter lorsque les images sont masquées

Pas de texte alternatif… Pas de texte tout court en fait, la newsletter n’est composée que d’images qui ne sont par défaut pas affichées dans mon client mail. Ce contenu très limité me permet d’ailleurs de constater l’absence de lien permettant d’afficher la newsletter en ligne et surtout l’absence de lien de désabonnement. (Cela soulève un problème intéressant : j’ai refusé de recevoir des communications de mon fournisseur d’eau, pourquoi ai-je donc reçu ce message ? Pace qu’il est plus important que les autres ? Le gouvernement peut-il passer outre mon autorisation pour transmettre ses informations ?)

J’affiche les images, la newsletter apparaît. La voici :

La newsletter

La présentation des informations est relativement claire, les pictos agrémentent un contenu pas forcément très amusant ; visuellement la newsletter semble au niveau. Pourtant… Plusieurs textes sont peu lisibles (les commentaires des six pictos, les liens des réseaux sociaux en bas) voire carrément illisibles (le logo de la préfecture, le contenu de la carte), et surtout – je le répète parce que c’est important – tout ce contenu textuel est en image.

Dernière maladresse, peut-être la plus triste : tous les liens de la newsletter renvoient vers un seul et unique site. On aurait aimé par exemple
• un lien vers davantage d’informations (le contenu existe pourtant, voir ci-dessous)
• un lien qui renvoie directement vers l’arrêté restriction de l’irrigation agricole plutôt qu’un texte débrouillez-vous pour le trouver sur www.nord.gouv.fr
• un lien qui permette de voir la carte, de la comprendre, d’en voir d’autres
• un lien vers les gestes éco-citoyens dont il est question
• des liens vers les réseaux sociaux (les pictos Facebook, Twitter et Linkedin ne renvoient pas vers les sites concernés…)

Sans compter que le seul et unique lien de toute cette newsletter est celui-ci, c’est-à-dire qu’un clic n’importe où sur la news me renvoie sur cette page qui n’a à première vue aucun rapport avec le message :

La page d'accueil du site de la préfecture du Nord

Il y a pourtant bien un encart dédié à l’alerte sécheresse sur cette page, encart qui renvoie vers la rubrique appropriée, seulement il est plus bas dans la page et son look ne rappelle pas le contenu de la news.

Bref, il reste beaucoup de travail pour transformer cette affiche en newsletter de qualité. Enfin l’idée est bonne… et vient apparemment de la préfecture du Morbihan. Allez le Nord, un petit effort ?

Google maps avant, Google maps après

La nouvelle version de Google Maps est en cours de déploiement ; il ne sera donc bientôt plus possible d’accéder à l’ancienne mouture. J’en profite pour faire une rapide comparaison.

Voici une copie d’écran de l’interface de saisie d’un itinéraire. À gauche, l’ancienne version.

Google Maps : avant, après

Plusieurs changements méritent quelques commentaires. Je commence en haut de l’écran.

• Moyen de transport

Google Maps avant, après : moyen de transport

Ancienne version : boutons de type on/off. Pictos explicites (en voiture, à pieds, à vélo.)

Nouvelle version : une succession de pictos sans bouton. Picto du milieu peu clair (bus, train, transports en commun ?), disparition du picto vélo. Trois teintes utilisées : bleu (sélectionné), gris clair et gris foncé, sans que l’on comprenne au premier coup d’œil la différence entre ces deux couleurs (en fait, le gris clair signifie non applicable). Picto ‘…’ stupide (il me rappelle un peu le picto sandwich qui fleurit un peu partout) et apparemment inutile : au survol deux pictos supplémentaires apparaissent, pourquoi donc les masquer puisqu’il y a suffisamment de place pour les afficher ?

• Zone de saisie

Google Maps avant, après : zone de saisie

AV : deux champs texte. Le texte saisi n’est pas très grand mais reste bien lisible. Le champ sélectionné est cerné de bleu avec une ombre interne. Un bouton à droite permet d’inverser les destinations. Deux liens en texte brut, de petite taille mais bien lisibles, permettent d’ajouter une destination et d’afficher les options. Un gros bouton bleu Itinéraire permet de lancer la recherche.

NV : aucun champ texte. Le texte saisi est plus grand mais moins lisible (la police est sans doute plus claire, ou plus fine et plus lissée, difficile à dire). Le « champ » sélectionné est souligné d’un liseret bleu très peu visible. Un picto ‘+’ moyennement explicite permet d’ajouter une destination ; le texte Options d’itinéraire, gris clair, est cliquable (alors que d’autres textes utilisant cette teinte ne le sont pas). Le bouton permettant de lancer la recherche a perdu son intitulé et se retrouve flanqué en haut à droite de la fenêtre, à côté du bouton Fermer. Note : sur cette copie d’écran ce bouton est bien visible puisqu’il est sur un fond blanc ; en réalité il est positionné par dessus la carte et devient donc moins visible.

• Itinéraires

Google Maps avant, après : itinéraires

AV : trois itinéraires proposés. Ils se présentent sous la même forme : nom de la route aligné à gauche, distance et durée alignés à droite, informations trafic en dessous. Le détail du premier itinéraire (mis en valeur par un fond bleu clair et des caractères gras très lisibles) est directement visible, en dessous des trois propositions. L’information Cet itinéraire comprend des péages est mise en avant à l’aide d’un fond jaune clair.

NV : trois itinéraires proposés. Ils se présentent sous la même forme : moyen de transport, nom de la route et distance alignés à gauche, durée alignée à droite. L’information mise en valeur (en gras) est le moyen de transport, ce qui permet désormais à Google de pousser son nouveau service de vente de billets (voir copie d’écran ci-dessous).

Google Maps : service de vente de billets d'avion

La lisibilité de l’ensemble des textes est problématique : la police plus fine et/ou plus lissée manque vraiment de contraste (gris clair sur fond blanc). Le détail de l’itinéraire principal n’est pas affiché : il faut désormais cliquer sur le lien Itinéraire complet pour ouvrir une nouvelle page et récupérer sa route. Un nouveau lien Aperçu permet d’afficher les étapes de l’itinéraire l’une après l’autre (sur l’ancienne version cette information était disponible au survol des étapes de l’itinéraire.)
L’information Cet itinéraire comprend des péages est illisible et de toute façon très peu mise en avant (un petit picto avertissement a remplacé le fond jaune). Les informations relatives au trafic et à la durée du trajet dans les conditions actuelles de circulation sont désormais privilégiées (textes bleus et verts).

Au final j’ai l’impression que Google donne désormais trop d’importance au look de son outil, au détriment de la lisibilité. Le cas des polices est révélateur : Google a remplacé l’Arial bien contrastée mais un peu old school par une Google font plus claire, plus douce, plus « sympa »… et beaucoup moins lisible. C’est un constat que l’on peut faire sur plusieurs outils et ce n’est pas une très bonne chose, surtout pour une entreprise qui a tant misé sur la facilité d’utilisation de ses produits.