Résilier son abonnement Free, une expérience décevante

S’occuper d’UX ce n’est pas seulement s’intéresser à des interfaces : de très nombreux éléments entrent en compte lorsque l’on considère les relations entre un utilisateur et un service. Voici le récit d’une expérience plutôt décevante impliquant plus que de simples écrans.

Clients Free ADSL depuis de nombreuses années, nous profitons de l’arrivée de la fibre Orange dans notre ville pour changer de fournisseur d’accès.

Comme l’indique le mail ci-dessous, la portabilité de notre numéro de ligne fixe vaut résiliation de notre abonnement Freebox. En d’autres termes, nous n’avons rien à faire pour résilier notre abonnement, c’est le nouveau fournisseur qui s’occupe de tout. Et c’est dans ce contexte que j’ai découvert comment Free gère la fin de ses contrats.

Voici la seule et unique communication de Free suite à notre abonnement chez Sosh (message affiché sur le webmail officiel de Free, Zimbra.)

Mail de résiliation de Free

Un mail de ce genre, envoyé par un fournisseur d’accès en 2018, a de quoi laisser perplexe. Son seul sujet présente de nombreuses erreurs :
• un caractère n’est pas correctement encodé (je rappelle que ce mail est lu sur le propre webmail de Free) ;
• il ne contient aucun accent (au sujet d’encodage et d’accents je ne saurais trop vous recommander cette conférence de St�phanie Walter sur le sujet) ;
• son français a l’air un peu approximatif (Résiliation suite à portabilité sortante ?)
Autrement dit ce mail ressemble beaucoup… à un mail de fishing. (Dans mon cas précis j’ai mécaniquement placé ce message dans le dossier des indésirables avant de me rendre compte de mon erreur.)

Le contenu de ce mail déçoit lui aussi :
• un premier paragraphe sur la portabilité ;
• une seule et unique phrase sur le retour des appareils ;
• un long paragraphe sur la démarche à suivre si je souhaite annuler cette résiliation.
Au delà de l’absence de remerciements pour ces six dernières années, c’est surtout la légèreté des indications de retour qui me pose problème : que faut-il retourner exactement ? De quelle manière ? Quel est le coût d’une résiliation ? Que va devenir la ligne mobile associée à ce compte ?

Je trouve certaines réponses dans la FAQ du site en faisant une recherche sur internet (pourquoi ne pas mettre le lien directement dans le mail ?), notamment le montant des frais de résiliation. Malheureusement, cette page pose elle aussi un certain nombre de problèmes :
• l’adresse de retour n’est pas exactement la même que celle fournie dans le mail (laquelle choisir ?) ;
• il y est question d’imprimer puis de remplir un formulaire de résiliation mis à disposition dans mon espace client, malheureusement (bis) mon espace client est désormais totalement vide.

Espace client Free

Pourquoi ce formulaire de résiliation n’est-il pas directement accessible dans la FAQ ? Voire directement depuis le mail ?

Cette page contient bien plus d’informations que mon mail au sujet du retour des appareils, notamment :
doivent être retournés […] en recommandé avec accusé de réception
au plus tard 15 jours suivant la prise d’effet d’une résiliation
Si le matériel est retourné en mauvais état de fonctionnement ou détérioré, les frais de réparation, […] seront facturés à l’abonné

Des informations plutôt importantes donc. En revanche, le détail des appareils à retourner n’est toujours pas fourni. Heureusement d’autres sites le proposent

C’est d’ailleurs en faisant des recherches à ce sujet que je tombe sur ce message très intéressant du site univers-freebox :

 

Free facilite désormais ce renvoi puisque dans l’Interface de Gestion qui mentionne que le compte est résilié, Free met à disposition automatiquement une étiquette de retour via KIALA. Il suffit de l’imprimer et de déposer son matériel dans un point du réseau Kiala.

En 2016, le retour du matériel était gratuit. Aujourd’hui, il m’a coûté environ 24€ et un déplacement à La Poste (à ajouter aux frais de résiliation de 49€, donc.)

Je passe sur le coup de fil à la hotline, dépassée (“le formulaire de résiliation se trouve forcément dans votre espace client monsieur”), qui fait perdre du temps au lieu de simplifier la démarche ; je passe aussi sur le spam téléphonique de Free, qui m’a appellé sur ma ligne mobile Free hier pour faire le point sur (je cite) mes abonnements internet… et qui me raccroche au nez (authentique) quand je prononce les mots fibre Orange.

En conclusion je suis plutôt déçu de la manière dont Free gère la fin des contrats de ses clients. Un mail mieux conçu et plus complet (ou un lien vers une page dédiée) simplifierait la vie de tout le monde et laisserait sans aucun doute une meilleure impression. Personne n’est lié à vie à son fournisseur d’accès.

OVH : Paiement par carte bancaire ou… paiement par carte bancaire sécurisé ?

La lecture d’un billet relatif à la commande d’un nouvel hébergement sur OVH chez iErgo me rappelle une expérience personnelle récente sur le même site. Rien de bloquant dans mon cas, juste une bizarrerie qui m’avait étonné.

J’ai moi-même fait appel à OVH pour l’hébergement de mon blog. A la fin de la commande, 4 modes de paiement sont proposés : chèque, mandat, carte bancaire et… carte bancaire « by OVH Secure Payment ».

Quelle est la différence entre ces deux derniers modes de paiement ? A première vue, ils offrent des avantages similaires : la « création [de l’hébergement je suppose] est immédiate »  et les cartes bancaires prises en compte sont les mêmes.

J’ai consulté la page d’information sur les modes de paiement pour en savoir plus : je n’y ai malheureusement trouvé aucun renseignement.

Quel peut être l’intérêt de cette démarche ? Le paiement en ligne est une étape cruciale du processus de commande, ce genre de surprise risque de dérouter inutilement certains clients.

Sécurité et autres écueils sur ameli.fr

La sécurité sociale offre depuis plusieurs années à ses assurés la possibilité de s’inscrire sur son site internet afin de ne plus recevoir de relevés de remboursement par voie postale. Suite à la réception d’un courrier m’incitant à ouvrir mon compte en ligne, j’ai décidé de tester ce service il y a quelques jours.

Je me rends sur www.ameli.fr comme me le recommande le courrier, puis je clique sur l’encart en bas à gauche « Mes remboursements en temps réel … J’ouvre mon compte ».


(On ne met pas d’espace devant des points de suspension, mais ce n’est pas le propos.)

La page sur laquelle je suis redirigé me propose plusieurs choses :
• je peux commander un code provisoire (tiens, on me parle de code provisoire, alors que le courrier fait mention d’un simple code) si je n’ai pas encore de compte ameli ;
• je peux résoudre mes problèmes d’accès ;
• je peux consulter une démo pour connaître les avantages du compte ameli ;
• je peux me connecter à mon compte.
Et pour les gens qui ont reçu un code par courrier mais qui n’ont pas encore de compte ?

Cette page manque de précision. Un simple bouton « vous avez reçu un code par courrier et souhaitez créer votre compte » résoudrait cet écueil.


(Les astérisques présentes à côté des légendes ne renvoient à rien, mais ce n’est pas le propos.)

Par déduction, je choisis « connexion à votre compte » (compte que je n’ai pas encore créé : le choix des mots est à revoir.) Je saisis mon numéro de sécurité sociale, puis mon code confidentiel (tiens, on me parle de code confidentiel désormais), et je valide en cliquant sur « me connecter ».

La page suivante décrit les conditions d’utilisation du compte. Je clique sur continuer.


(Les boutons radio se baladent à droite des labels au lieu d’être proprement alignés à gauche, mais ce n’est pas le propos.)

Je suis désormais sur la page de création de compte. Première remarque : le langage utilisé dans le premier paragraphe ne correspond pas tout à fait à ce que l’on attend d’un organisme comme la sécurité sociale. La phrase « C’est votre première visite… » devrait être supprimée. Deuxième remarque : les 2 mentions « tous les champs sont à compléter obligatoirement », ainsi que le texte « de 8 à 13 chiffres » sont en verdana… 8pt ! Dire que la sécurité sociale ne rembourse quasiment pas les achats de lunettes…

Le premier champ à remplir est intitulé « Mon code confidentiel provisoire », le second « Mon code personnel ». Si je récapitule, jusqu’à maintenant, on m’a parlé de :
• code (dans le courrier que j’ai reçu) ;
• code confidentiel ;
• code provisoire ;
• code confidentiel provisoire ;
• code personnel.

Tout ceci est très confus. Il est indispensable d’utiliser un seul terme pour qualifier une seule chose. C’est d’autant plus vrai qu’ici le code personnel n’est pas le même que les 4 autres – qui eux se réfèrent tous au même code. Heureusement, la popup d’aide permet d’y voir un peu plus clair.

Je remplis le premier champ puis passe au second. Mon code personnel, de 8 à 13 chiffres ? Un second coup d’œil à l’aide me le confirmera, le code ne peut contenir que des chiffres ! D’un point de vue sécurité, c’est une catastrophe. Sans parler de la limitation de longueur, elle aussi très gênante. Une attaque type « bruteforce » viendrait à bout de cette sécurité en quelques heures.

L’aide précise qu’il n’est pas possible d’utiliser son numéro de sécurité sociale, une suite de chiffre ou sa date de naissance. Quelles possibilités reste-t-il ? Je me lance : je parie que plus de 80% des codes créés sont soit des dates de naissance (conjoint, enfant) soit des numéros de téléphone.

Des règles de sécurité pareilles sur le site de la sécurité sociale (63 millions d’assurés), en 2011, c’est difficile à croire. Pendant ce temps, la loi Hadopi sanctionne le défaut de sécurisation de l’accès à internet…

Je poursuis. Paragraphe suivant : « Votre question secrète vous sera demandée… ». Demander une question ? Il y a de gros efforts de français à fournir… Je poursuis (encore). « …en cas d’oubli ou de perte de votre code confidentiel ». De mon code confidentiel, ou de mon code personnel ?

Je poursuis (toujours). La question secrète permet donc de récupérer son code en cas d’oubli. Une fonctionnalité très pratique à laquelle il convient d’appliquer une règle de sécurité évidente : il ne faut pas que la réponse soit trop facile à trouver. C’est loin d’être le cas ici : le nom de votre chien, le prénom de votre premier enfant, le prénom de votre père etc. sont des données très faciles à retrouver sur internet.

Pour finir, un petit mot sur l’interface de l’ensemble. Le site utilise des codes plutôt datés : largeur limitée, polices minuscules… Une mise à jour semble nécessaire. Quant au bouton d’aide situé en haut à droite de toutes les pages, il peut induire en erreur : son contenu n’est pas relatif à la page consultée. Pas la peine d’y chercher des indications sur votre code personnel provisoire et confidentiel, il n’est question ici que de « résolution » (une aide sur la résolution d’affichage ?), de « compatibilité des environnements » et de « cookie ». Pas certain que cette popup aide qui que ce soit, finalement.

Bilan

langage peu adapté, fautes de français
taille de certaines polices
désignations approximatives de fonctionnalités et d’éléments importants
sécurité !