Liseuse électronique : une technologie au point, une expérience désespérante

On m’a prêté une liseuse Kobo Aura HD (un très bon modèle d’après lesnumeriques) pour quelques jours. Une durée trop courte pour rédiger un véritable test de l’appareil – et surtout de l’environnement, mais suffisamment longue pour donner quelques impressions.

Ce n’est pas la première fois que j’utilise une liseuse : j’ai eu l’occasion d’essayer un Kindle d’ancienne génération (non tactile) il y a quelques mois. Dans les deux cas, j’ai beaucoup apprécié la lecture sur ce type d’écran. Rien à voir avec une lecture sur écran d’ordinateur ou de tablette, même avec l’éclairage (très agréable) de la Kobo activé.

Sur le Kindle, je m’étais contenté de lire un livre. Sur la Kobo, j’ai configuré l’appareil et fait des recherches. Énorme déception : si la technologie assure, le reste oscille entre l’approximation et le zéro pointé.

• Exemple de zéro pointé : l’écran de création de compte. J’ai l’impression qu’il manque quelque chose, mais quoi ?

Liseuse Kobo Aura HD - création de compte

Ah oui, le… bouton de validation. Non mais sincèrement, qui a pu concevoir une page pareille ?! Pour valider la page, il faut sélectionner un champ texte et appuyer sur le bouton « chercher » (chercher ?!) en bas à droite !

Liseuse Kobo Aura HD - création de compte (2)

C’est tellement invraisemblable que j’ai fait un hard reset pour m’assurer que ce n’était pas un bug (ce n’en est pas un).

• Exemple d’approximation : la visite guidée. La page 3 est à moitié en anglais, et le titre de la page 8 est incomplet. Du beau travail.

Liseuse Kobo Aura HD - visite guidée

Voilà pour les premières minutes avec l’appareil. Je passe ensuite à la recherche. Je souhaite tester l’offre disponible sur le store, je me mets donc à côté de ma bibliothèque (la vraie) et je cherche sur le Kobo les premiers livres de poche qui se trouvent sur l’étagère.

Test n°1 : Nicolas Vanier. Le premier résultat du moteur est satisfaisant, le reste est soit à côté de la plaque (Croc Blanc de Jack London, par exemple) soit totalement incongru (Marc Levy, Guillaume Musso ?) Un seul livre alors que l’auteur en a écrit plus d’une vingtaine, c’est pauvre.

Liseuse Kobo Aura HD - recherche "Nicolas Vanier"

Deuxième recherche, Mike Horn : rien. James Ellroy : rien. Craig Johnson : rien. (Avec un Kobo comme seul média de lecture, ma bibliothèque aurait été beaucoup plus réduite.)

Note intéressante : au lieu de m’indiquer « la recherche ne donne pas de résultat, voici ce que j’ai trouvé qui ressemble vaguement », le moteur me balance systématiquement 34 pages de n’importe quoi. Quand on utilise Google au quotidien, on a du mal à revenir sur un moteur de recherche aussi médiocre.

Liseuse Kobo Aura HD - recherche "Mike Horn" et "James Ellroy"

Recherche suivante, par titre : Moonlight mile (roman de Dennis Lehane). Premier résultat : 15,99€. Deuxième résultat : 8,99€. Pour le même livre ?! (La description ne me permettra pas de savoir pourquoi le premier est presque deux fois plus cher.)

Liseuse Kobo Aura HD - recherche "Moonlight mile"

Recherche suivante, par auteur : Joe R. Lansdale. Trois livres disponibles en français (note : il y en a un de plus depuis que j’ai fait la photo), puis des tas de résultats en italien, en allemand, en anglais… Passionnant.

Liseuse Kobo Aura HD - recherche "Joe R. Lansdale"

Encore une petite ? « Harlan Coben », par exemple. Plusieurs livres sont disponibles… à des prix délirants. À découvert ? 13,99€ sur le store, 6,84€ sur Amazon. Disparu à jamais, Promets-moi, Sans un mot ? 13,99€ vs. 7,70€. En gros tous ses livres sont deux fois plus chers sur le store, à l’exception de la nouveauté Ne t’éloigne pas, moins chère de… 3€. Il va falloir acheter beaucoup de nouveautés pour rentabiliser l’appareil – sans parler des coûts connexes.

Liseuse Kobo Aura HD - recherche "Harlan Coben"

Allez, je laisse tomber la recherche, non sans noter cette autre bizarrerie (ce bug ?) : en passant par le module « Ajouter un livre à votre bibliothèque » en page d’accueil pour faire une recherche, les prix ne sont tout simplement pas affichés à côté des résultats. Pratique !

Liseuse Kobo Aura HD - recherche "Jesse Kellerman"

Des ratés dans l’ergonomie, une offre très pauvre, des prix peu attractifs voire rédhibitoires, est-il vraiment nécessaire de poursuivre ? Et encore, comme je le disais, je n’ai utilisé l’appareil que quelques heures ! Et je n’ai pas parlé de DRM, de l’écran tactile régulièrement capricieux (deux personnes et douze tentatives pour appuyer sur le bouton « fermer » il y a quelques minutes – heureusement c’est assez rare)…

Je dois encore mentionner une chose, même s’il ne s’agit pas d’un problème de l’appareil. Lorsque je navigue sur internet pour acheter un livre, j’ai accès en quelques clics de souris à : la bio de l’auteur, ses autres livres (et combien ils coûtent), les avis des gens qui ont acheté le livre, les forums, etc. Sur une liseuse, il n’y a rien (*). En terme d’expérience c’est catastrophique, et pour un utilisateur avancé d’internet il est particulièrement difficile de se passer de tous ces à-côtés pour faire son choix.

Je résume. Si :
• l’utilisateur sait quel livre l’intéresse ;
• le livre est disponible sur le store ;
• l’utilisateur se fiche du prix ;
Dans ce cas la liseuse est intéressante. Pour faire simple : en tant que liseuse, elle fait le job. Le reste est parfaitement indigne d’un appareil sorti en 2013. Mais les éditeurs (concernant l’offre et les prix) préfèrent sans doute suivre le modèle de l’industrie du disque. Continuez comme ça, c’est une réussite. Personnellement je reviendrai peut-être dans 4 ou 5 ans pour voir si les choses ont évolué. En attendant, je retourne lire Harry Potter… en livre de poche. La version numérique existe, mais elle ne peut être commandée que sur le site officiel d’Harry Potter. Une boutique par livre, quelle bonne idée pour développer le marché !

 

(*) À ceux qui pensent « il y a un navigateur caché dans les suppléments, pourquoi ne pas l’utiliser ? » je dis : ne faites jamais ça. Vous vous souvenez d’Internet en 1995, sur votre Pentium asthmatique connecté à un modem 28800 bauds ? Imaginez pire, bien pire. En bonus, voici la description du navigateur internet telle qu’elle est donnée par le Kobo lui-même : « Prenez la bretelle qui vous mènera à l’autoroute des informations ! » Non mais sérieusement ?!

BforBank ne veut pas de moi comme client (et ça ennuie ma petite fille)

MAJ : après avoir envoyé le lien de cette note par mail au service client, une personne de BforBank m’a contacté par téléphone pour essayer de corriger le problème. J’ai finalement réussi à me connecter avec Safari : personne ne sait pourquoi ça a fonctionné cette fois, mais ça suffira pour le moment.

Je souhaite souscrire une assurance-vie chez BforBank, une « banque en ligne spécialiste de l’épargne ». Je suis en congés, ma fille dort, j’ai un peu de temps à consacrer à ces démarches.

BforBank ne veut pas que je m’inscrive

Je me rends sur la page d’adhésion et commence à remplir le premier formulaire, mon « profil d’investisseur ».

bforbank-01-formulaire-01

Pas de problème particulier à signaler.
Après avoir validé ce formulaire, je suis redirigé sur la page relative à mon profil. J’en prends connaissance et je clique sur le bouton « suivant ». Je me trouve désormais sur un formulaire « coordonnées » très classique.

bforbank-02-formulaire-02

Je remplis la totalité du formulaire et je clique sur le bouton « suivant ». Et là… il ne se passe rien. Impossible de passer à l’étape suivante, le bouton « suivant » ne fonctionne pas.

Ma fille est endormie, j’ai encore 10 bonnes minutes à consacrer à cette histoire. Le souci vient peut-être de Chromium ? J’ouvre Firefox, je remplis à nouveau le premier formulaire puis le second, je valide : même problème.

Ma fille babille, elle ne va pas tarder à se réveiller ; si je me dépêche je peux faire un autre test. Je lance Safari, je me retape les deux formulaires : même problème.

Ma fille se réveille… Avec un peu de chance un coup de fil au service client me dépannera rapidement.

Après une longue attente (ma fille s’énerve), je suis pris en charge par un conseiller. J’explique la situation, mon interlocuteur est surpris, lui n’a pas le problème. Il me passe le « service technique », qui me propose de remplir le formulaire à ma place.

Une demi-heure plus tard, le formulaire est rempli. Ma fille ne crie plus, elle a perdu la voix depuis quinze bonnes minutes, mais ce n’est rien : j’ai réussi à souscrire à mon assurance-vie !

Étrangement, mon interlocuteur du service technique ne m’a posé aucune question sur ma machine, mon OS, mon navigateur etc. Pour le bien de cet article, j’ai sorti mon vieux netbook, attendu 20 minutes qu’il se lance (ma fille est aphone, elle peut bien attendre), rempli à nouveau le formulaire et validé : ça a fonctionné. Si un jour une personne du service technique (une vraie, pas une personne qui fait remplir des formulaires par téléphone) tombe sur cet article, voici ma configuration : Mac OS 10.6.8, Firefox 23.0.1, Chromium 23, Safari 5.1.9.

BforBank ne veut pas que je consulte mon compte

Aujourd’hui j’ai reçu mon code secret par courrier. Je me rends donc sur la page accès client pour me connecter à mon compte. (Ma fille n’est pas à la maison, ce sera plus facile.)

bforbank-03-acces-clients

Première étape, l’identifiant, un numéro à 8 chiffres envoyé par mail. Je copie, je colle, je valide. Deuxième étape, ma date de naissance. Je saisis, je valide.
Troisième étape, le code secret. 6 chiffres, à composer à la souris sur un clavier dont l’ordre des touches varie, avec (intéressante innovation) un déplacement de la fenêtre du navigateur en bonus. (Je HAIS ce système.)

bforbank-04-code-secret

Je m’exécute, je valide : il ne se passe rien. Conclusion : je ne peux pas consulter mon compte sur mon ordinateur. En même temps je l’ai bien cherché, BforBank ne me voulait pas comme client, j’ai insisté, je n’ai que ce que je mérite !

Bon, et maintenant ? Le mail de bienvenue chez BforBank contient une adresse e-mail de contact, je vais donc transmettre le lien vers cet article, on verra si mon problème intéresse quelqu’un. En attendant, eh bien… Je sortirai mon netbook à chaque fois que je veux consulter mon compte client. Un vrai bonheur.

Les comparateurs de prix, ce mal des temps modernes

Je déteste les comparateurs de prix. Pas les comparateurs spécialisés, que je consulte régulièrement et qui m’apportent de précieuses informations. Je déteste les comparateurs généralistes, qui pourrissent les résultats de mes recherches Google à la recherche d’une petite commission qu’ils ont bien du mal à justifier. Ils parasitent les résultats, ils me renvoient vers des pages imbuvables, bref ils me font perdre mon temps.

Aujourd’hui, je recherche des feuilles de papier abrasif 115x107mm. Je tape ma requête dans Google.

Google.fr - recherche "acheter abrasif 115 107"

Je commence par les liens sponsorisés, dont les intitulés laissent augurer le meilleur. Premier résultat : cherchons.com, avec un attirant amas de mots-clés « Abrasif 115 pas cher – Vous cherchez Abrasif 115 ?‎ www.cherchons.com/Abrasif+115 Comparez les prix Abrasif 115 !‎ ».

Résultat de ma recherche sur cherchons.com

Ma requête Google est la suivante : « acheter abrasif 115 107 ». Une fois sur le site de cherchons.com, elle s’est transformée en « abrasif 115 ». Sans surprise avec des mots-clés aussi flous, les résultats obtenus sont totalement sans intérêt. Je m’amuse à découvrir les plus farfelus (heureusement pas en haut de page) : « instrument abrasif ongles et cuticules », « peau de mouilleur microfibre », « dégraissant pour piscine », « chiffonnier 5 tiroirs »… Bref cherchons.com ferait sans doute mieux d’éviter de payer Google pour se retrouver en lien sponsorisé dans ce cas précis.

Résultat sponsorisé suivant : idealo et son élégant « Abrasif 115‎ www.abrasif-115.fr.idealo.fr/ Abrasif 115 à prix fous! Les économies sont sur Idealo.fr‎ ».

Résultat de ma recherche sur idealo

De façon plus ou moins surprenante, idealo fait la même erreur que cherchons.com, à savoir une mauvaise récupération de mes mots-clés. Ici aussi il n’est question sur leur site que d’« abrasif 115 », et ici aussi les résultats n’auront pas la moindre pertinence. J’ai consulté les 17 pages de résultats sans trouver l’article que je recherche — et en supportant un bug qui fait remonter la page tout en haut une fois que cette dernière est chargée. C’est extrêmement désagréable, mais est-il nécessaire de le préciser ?

Ces deux entreprises paient pour se retrouver en haut de la page des résultats de Google. J’espère que ça ne leur coûte pas trop d’argent.

Je passe aux résultats naturels — qui n’ont vraiment plus rien de naturel, mais c’est une autre histoire. En première page, le site ma-reduc.com me renvoie un résultat très intéressant intitulé « Bosch Feuilles abrasives 115 x 107 mm, 60, pack de 10 ». Je clique, le site s’ouvre.

Résultat de ma recherche sur ma-reduc

Au milieu de cette page totalement illisible, je trouve ce que je cherche : un lien vers un site marchand proposant l’article qui m’intéresse. Bien entendu et comme sur tous les sites de ce genre, il n’est pas possible de faire un clic droit pour ouvrir la fenêtre dans un nouvel onglet ; je suppose que cette commande basique ne permet pas aux comparateurs de récupérer leur commission. Je clique (gauche, donc), ce qui ouvre… une nouvelle fenêtre minuscule. Sérieusement ? Je répète : sérieusement ? Ouvrir le résultat de ma recherche dans une fenêtre de moins de 800 pixels de large sur un écran qui en compte 1920 ?

Plus amusant encore : le site de Topachat est responsif, ce qui fait que la taille de la page qui s’ouvre est adaptée à la minuscule fenêtre imposée par ma-reduc.com (et pas du tout à celle de mon moniteur).

Résultat de ma recherche sur topachat

Finissons en beauté : la page ouverte n’est pas la fiche produit de l’article que je recherche mais la page d’accueil de Topachat. Pour le gag, j’ai fait une recherche « abrasif » sur le site : aucun résultat trouvé.

Résultat de la recherche "abrasif" sur topachat

Je retourne voir les résultats de ma requête Google et je passe à la page suivante. Nouvel essai : webmarchand.

Résultat de ma recherche sur webmarchand

Ma requête a cette fois été transformée en « abrasif pour ponceuse vibrante », ce qui est plus proche… mais toujours beaucoup trop flou. Le seul résultat fourni est à côté de la plaque (mais moins que précédemment), et l’autre proposition de webmarchand me fait sourire (« alciumpeche, pêche en bateau et surfcasting » ?)

Cinquième et dernière tentative : choozen, toujours en page deux de ma recherche Google.

Résultat de ma recherche sur choozen

Victoire ! Sur les 39 résultats proposés, 2 correspondent enfin à ce que je cherche ! Les deux produits sont perdus dans la page de résultats, ils se trouvent sur le même site internet (pour un comparateur c’est dommage), mais ils existent !

J’arrête là, ça m’épuise. Je ne trouve rien à sauver : les résultats sont mauvais, l’ergonomie des sites est catastrophique, le temps perdu considérable. Sincèrement, qui peut imaginer qu’un utilisateur puisse s’infliger une recherche pareille ?

Je garde le meilleur pour la fin, bien sûr : le premier résultat de Google me renvoyait vers le site de rueducommerce, qui propose l’article que je recherche. Le deuxième ? Pareil. Le troisième ? Pareil. Bravo les comparateurs, beau travail.

PS. Quelqu’un connaitrait-il une extension Firefox (ou Chrome, ou…) permettant de supprimer les résultats des comparateurs de prix de Google ? Je ne sais pas si ça existe, mais ce serait une rudement bonne idée.